principale raiſon pourquoy vous ne vouliez point d’Amis qui fuſſent Amants, eſtoit parce que vous aviez eu un Amy qui dés qu’il fut amoureux, s’ennuya aupres de vous ; qui ne vous fit plus que de courtes viſites, qui ne vous entretint que de la perſonne qu’il aimoit & que vous n’aimiez pas ; & qu’enfin il n’y avoit plus moyen de ſe confier à luy, parce qu’un homme amoureux n’a point de ſecret qu’il ne puiſſe reveler à ſa Maiſtresse. Mais Madame, tous ces inconveniens ne vous sçauroient arriver en cette occaſion : car premierement, je vous proteſte que je n’auray jamais de joye qu’aupres de vous : que mes viſites deviendront plus longues qu’elles n’ont jamais eſté : & que je ne vous entretiendray jamais de perſonnes indifferentes, puis que ſi vous le voulez ſouffrir, je ne vous parleray que de vous. Au reſte Madame, adjouſta-t’il, vous jugez bien qu’en revelant les ſecrets que vous m’avez confiez à la perſonne que l’adore, ils n’en ſeront pas moins ſecrets pour cela : puis qu’ils ne ſeront encore sçeus que de vous & de moy. Pourquoy donc ne voulez vous pas ſouffrir, que j’aye l’honneur de vous voir ? Aimez moy, Madame, comme il vous plaira : mais ſouffrez auſſi que je vous aime de la maniere que je le puis. Peut eſtre, adjouſta-t’il, que vôtre inſensibilité me guerira plus en vous voyant, que ne feroit l’abſence ſi vous m’y condamniez : car Madame, ſi je ne vous voyois pas, je m’imaginerois touſjours que ſi je vous voyois je toucherois voſtre cœur : de ſorte qu’eſperant toûjours de vous voir, j’eſpererois toûjours d’eſtre aimé. & par conſequent je vous aimerois toûjours. Mais ſi vous ſouffrez que je vous voye, adjouſta t’
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