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Panthée ; fit un ſi grand cry, que cette Princeſſe tournant la teſte la vit & la reconnut. Et comme elle connoiſſoit bien Chriſante, elle l’envoya prier de trouver bon qu’elle parlaſt à ces Dames qu’il conduiſoit, ſi bien que comme il n’ignoroit pas quel reſpect Cyrus voulait que l’on rendiſt à cette Reine, il fut luy meſme luy dire qu’il meneroit ces Dames chez elle, auſſi toſt qu’elle y ſeroit : & en effet, il commençoit deſja de donner les ordres pour cela., lors que l’on dit que Cyrus arrivoit, qui venoit voir Panthée & Araminte. Si bien que Chriſante voyant que ce n’eſtoit plus à luy à diſposer de rien, puis que ſon maiſtre eſtoit preſent : il quitta cette Reine, qui eſtoit montée dans ſon Chariot, & fut dire a Cyrus ce qu’elle avoit ſouhaité. Ce Prince paſſant donc aupres de ces Dames priſonnieres, il les ſalüa avec la meſme civilité qu’il euſt pû avoir ſi elles n’euſſent pas eſté captives : & allant droit à la Reine de la Suſiane, aupres de qui eſtoit Araminte ; Madame, luy dit-il en la ſalüant, & en ſe baiſſant juſques ſur l’arçon, vous ſerez plus commodement chez vous qu’icy : & plus commodement encore vous pourrez entretenir ces Dames qui font de voſtre connoiſſance. Panthée commandant donc qu’on obeïſt à Cyrus, s’en alla chez elle, & le Chariot des Dames captives ſuivit le ſien : cependant Chriſante preſentant ſon priſonnier à ſon maiſtre, Seigneur, luy dit-il, cét ennemy que vous voyez, eſt ſans doute digne de voſtre protection : puis qu’il m’a aſſuré que le Prince Artamas luy donne part à ſon amitié. Si cela eſt (dit Cyrus en l’embraſſant, car ils eſtoient deſcendus de cheval dans la Court du Chaſteau où logeoit alors la Reine de la Suſiane) il eſt