par la liberté de Mandane. Pour Artamas, il avoit une impatience extréme, de voir la Princeſſe Palmis hors de captivité : il euſt pourtant bien deſiré, tout brave, qu’il eſtoit, que ce n’euſt point eſté par le gain d’une Bataille : ne pouvant ſe reſoudre à ſouhaitter la deffaite de Creſus, quoy qu’il en euſt eſté mal-traité. Cependant le Prince Phraarte alloit tres ſouvent viſiter la Princeſſe Araminte ; qui voyoit touſjours avec beaucoup de déplaiſir qu’il s’opiniaſtroit à l’aimer, quoy qu’elle luy diſt tout ce qu’une perſonne vertueuſe & ſpirituelle peut dire en une pareille rencontre, pour l’obliger à ne le faire pas, A quelques tours de là Aglatidas arriva au Camp, avec les Troupes qu’il conduiſoit : Cyrus le receut avec tant de marques d’amitié, qu’Aglatidas pour luy teſmoigner combien il les ſentoit, le ſupplia fort obligeamment de ne l’en accabler pas davantage : de crainte que ſon cœur ne fuſt pas capable de ſupporter une ſi exceſſive joye. Mais Cyrus qui ne pouvoit craindre qu’un homme peuſt mourir de plaiſir eſloigné de ce qu’il aimoit, luy dit encore cent choſes tres obligeantes : il l’aſſura qu’Ameſtris n’avoit pas eu plus de douleur de le voir partir, qu’il avoit de ſatisfaction à l’embraſſer : en fuite dequoy voulant voir les Troupes qu’il avoit amenées, & qu’Aglatidas avoit laiſſées rangées en bataille, à douze ſtades du Camp : Cyrus ſuivy de grand nombre de gens de qualité fut où elles eſtoient : & les faiſant filer devant luy, apres s’eſtre placé ſur une petite eminence qui eſtoit dans la plaine, il les trouva tres belles & tres bien armées : de ſorte qu’en eſtant tres ſatisfait, il leur aſſigna leurs Quartiers, & s’en retourna à ſa Tente, entretenir Aglatidas : non ſeulement de Ciaxare, dont il luy avoit
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