d’Azile, & que mes gens euſſent ſoin de luy. De ſorte que j’arreſtay moy meſme l’Eſcuyer d’Aglatidas qui le pourſuivoit, & qui par le reſpect qu’il me voulut rendre, ſe retira ſans s’obſtiner davantage à vouloir achever de tüer Dinocrate. On ne put toutefois luy ſauver la vie, & il mourut ſix jours apres : ce ne fut pas neantmoins ſans m’avoir eſclaircy de beaucoup de choſes que j’eus la curioſité de sçavoir de ſa bouche, & que je n’euſſe pu vous raconter comme j’ay fait, s’il ne me les euſt apriſes : car ſans luy nous n’euſſions jamais sçeu la fourbe d’Anatiſe & de Tharpis. Cependant j’eſtois au deſespoir de n’avoir point de nouvelles d’Aglatidas, dont je n’oſois parler à Ameſtris, & dont je parlois tous les jours avec Menaſte : Mais enfin je sçeus par le retour de celuy que je luy avois envoyé, & qui ne l’avoit pû trouver d’abord, parce qu’Aglatidas dans ſa douleur n’avoit pas ſuivy le droit chemin : je sçeus, dis-je, qu’il eſtoit tombé malade d’affliction, à trois journées d’Ecbatane ; de ſorte que ſans differer davantage, je partis & fus le trouver.
Or Seigneur, pour n’abuſer pas de voſtre patience, je vous diray que la nouvelle de la mort d’Otane, fut un ſi grand remede pour guerir Aglatidas, qu’en huit jours il fut en en eſtat de pouvoir monter à cheval. Il voulut pourtant auparavant que de rentrer dans Ecbatane, m’envoyer vers le Roy, pour luy demander la permiſſion d’y revenir : mais avec autant d’inſtance, qu’il avoit demandé celle de s’en eſloigner : m’ordonnant de dire à Ciaxare la veritable cauſe de ſon départ & de ſon retour, afin de l’obliger à l’excuſer. Je fus donc trouver le Roy, qui voulut tout ce qui pouvoit eſtre advantageux à