quelle reſolution prendre. Neantmoins comme les maux preſens ſont touſjours ceux où l’on cherche les plus prompts remedes : Otane ſouffrant un tourment inſuportable, de ne sçavoir pas ce que faiſoit Ameſtris ; fit enfin dire au Roy qu’il promettroit tout ce qu’il voudroit, pourveu qu’il ſortist de priſon. On luy fit donc faire cette promeſſe, avec toutes les ceremonies qui la pouvoient rendre inviolable : & apres cela on le delivra, malgré les ſolicitations ſecrettes des Amants & des Amis d’Ameſtris : & malgré celles de l’ennemy declaré d’Otane, qui s’y oppoſa autant qu’il put. Mais admirez, Seigneur, la conduite des Dieux en cette rencontre : à peine Otane fut-il hors de priſon, & à peine eut-il eſté remercier Ciaxare ; que rencontrant cét ennemy qu’il sçavoit avoir ſolicité contre luy, il l’aborda, & luy parla ſi fierement ; que l’autre mettant l’Eſpée à la main, obligea Otane à l’y mettre auſſi : qui tout vaillant qu’il eſtoit, fut contraint de ſuccomber ſous les coups de celuy qui l’avoit attaqué ; & qui eſtant deſesperé d’avoir encore irrité la haine d’Otane inutilement, ſe reſolut de s’en deffaire s’il pouvoit. De ſorte que ne deffendant pas à un Eſcuyer qu’il avoit de l’attaquer auſſi bien que luy ; Otane en ayant deux ſur les bras (car ſes gens eſtoient encore dans la baſſe Cour du Palais du Roy) il fut percé de pluſieurs coups, & laiſſé mort ſur la place, auparavant qu’on y peuſt eſtre pour les ſeparer. Bien eſt-il vray que ſon ennemy ne fut pas en gueres meilleur eſtat que luy : car il mourut en priſon trois jours apres des bleſſures qu’il avoit receuës : Ameſtris touſjours genereuſe, l’ayant fait chercher & fait prendre, pour vanger la mort de ſon
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