Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/383

Cette page n’a pas encore été corrigée

celuy qui le vouloit prendre, voulut frapper Artemon par derriere : & il l’euſt frappé effectivement, ſi trois de ceux qui venoient pour s’aſſeurer de ſa perſonne, ne ſe fuſſent jettez ſur luy, & ne luy euſſent ſaisi ſon Eſpée en le ſaisissant luy meſme. Otane ſe voyant deſarmé & pris, fit des imprecations ſi horribles ; qu’on ne peut rien s’imaginer de ſemblable : cependant on le fit entrer dans une Chambre, juſques à ce que l’on euſt donné ordre à faire partir Ameſtris. Artemon qui ſe trouva eſtre Amy de ce Lieutenant des Gardes, fut avecques luy à ſon Apartement, où elle eſtoit enfermée : & : le devançant de quelques pas, Madame, luy dit-il, puis que vous m’avez permis de vous donner quelques marques d’amitié, ſouffrez que j’ayde aujourd’huy à vous delivrer. Ameſtris eſtoit ſi ſurprise du grand bruit qu’elle avoit entendu, & de ce qu’Artemon luy diſoit, qu’elle ne sçavoit que luy repondre : mais le Lieutenant des Gardes s’eſtant approché, & luy ayant dit qu’il avoit ordre du Roy de la conduire à Ecbatane : elle s’informa alors d’où venoit ſa liberté ? Et quand elle sçeut que c’eſtoit par la priſon de ſon Mary, cette admirable perſonne receut cette nouvelle ſans aucun teſmoignage de joye. Cependant elle fut miſe dans un Chariot avec ſes Femmes, & eſcortée par Artemon, accompagné de douze cavaliers : & pour Otane, il fut mené à cheval, & conduit dans une Tour, où l’on met les criminels d’eſtat à Ecbatane. Jamais rien n’a tant fait de bruit, que le retour d’Ameſtris, & la priſon de ſon Mary : je depeſchay un de mes gens pour aller apres Aglatidas, ſur la route de l’armée : & je fus en diligence chez Menaſte, afin de la conduire chez Ameſtris. Nous reſolusmes en y allant, de ne luy dire pas que