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à Ecbatane : & fit enfermer Ameſtris dans une Chambre, avec une Femme ſeulement pour la ſervir ; la menaçant de toutes les rigueurs imaginables. Ce qui eſtonna encore Ameſtris, fut qu’elle vit par ſes feneſtres, une heure apres qu’Otane fut arrivé, que Dinocrate eſtoit là : & que ſon Maiſtre l’entretenoit comme autreſfois.

Mais Seigneur, comme je ne doute pas que vous n’ayez envie de sçavoir comment Otane eſtoit reſſuscité ; vous, dis-je, qui aviez entendu crier pendant le combat des Montagnes d’Artaxate qu’Otane eſtoit mort : il faut que je vous die ce que nous en avons apris depuis, tant par ce qu’il en a dit à diverſes perſonnes, qui me l’ont redit apres, que par ce qu’un ſoldat qui eſt d’Ecbatane m’en a raporté. Vous sçaurez donc qu’en effet Otane fut à ce combat de nuit que nous fiſmes : & qu’en combatant proche d’un Armenien, avec qui il avoit fait amitié, il rencontra ſous ſes pieds un monceau de pierres qui le fit tomber. De ſorte que cét Armenien qui le touchoit, croyant que ſa chutte eſtoit cauſée par quelque coup d’Eſpée ou de javeline, cria comme je l’ay dit, qu’Otane eſtoit mort, quoy qu’il ne le fuſt pas. Bien eſt il vray qu’il ne pût ſe relever qu’avec beaucoup de peine ; parce que le combat fut fort opiniaſtré en cét endroit, & qu’on le fit retomber pluſieurs fois. En fuite, comme vous le sçavez, tous les Armeniens furent vaincus : leur eſtant meſme impoſſible de pouvoir regagner leurs Montagnes. Vous sçavez de plus, Seigneur ; que Phraarte ſe retira dans un petit Vallon, où vous fuſtes le trouver ; de ſorte qu’Otane s’y ſauva comme les autres. Mais comme il ne craignoit rien tant que de tomber entre les mains de Ciaxare, non ſeulement comme traiſtre à ſa