point Ameſtris, qu’il n’y euſt compagnie chez elle.
Une apres-diſnée donc, & juſtement trois jours auparavant qu’Aglatidas ſe deuſt marier ; eſtant allé chez elle pendant qu’il eſtoit chez le Roy, j’y trouvay Menaſte, & trois ou quatre Dames : & meſme deux Parentes d’Otane, qui aymant cherement Ameſtris, la viſitoient fort ſouvent. Comme nous eſtions donc en une converſation qui n’avoit rien que d’agreable, & qui panchoit meſme pluſtost vers l’enjoüement que vers le ſerieux : Dinocrate qui avoit eſpié l’occaſion, arriva ; & monta droit à la Chambre d’Ameſtris. D’abord qu’elle le vit entrer, elle changea de couleur : & ſa veuë luy renouvella de telle ſorte le ſouvenir de la perſecution d’Otane, & celuy des mauvais offices qu’en ſon particulier il luy avoit rendus, qu’elle en fut un peu troublée. Neantmoins croyant qu’il eſtoit plus genereux & plus beau de diſſimuler ſon reſſentiment contre Dinocrate, & de le conſiderer ſeulement comme un homme que ſon Mary avoit fort aimé, elle ſe remit un moment apres : & luy parlant aſſez doucement, d’où. vient, luy dit-elle, Dinocrate, que vous avez eſté ſi long-temps à revenir, apres la perte de voſtre Maiſtre ? Madame, repliqua t’il en ſoûpirant, je fus ſi touché de cét accident, que j’en tombay malade d’affliction : & ce n’eſt que depuis quelques jours, que j’ay recouvré aſſez de ſanté pour pouvoir venir vous rendre conte du malheur de mon Maiſtre. Je vous vy, luy dis-je en l’interrompant, lors que vous en cherchiez le corps, & que vous le découvriſtes au milieu d’un torrent : il eſt vray, Seigneur, reprit-il, & vous fuſtes teſmoin d’une partie de la douleur que j’eus, de ne pouvoir l’en retirer. Eſtiez-vous au combat