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fois querir ce Portier : pour luy demander ce que Megabiſe luy diſoit, au jour, à l’heure, & à l’endroit qu’elle luy marqua. Cét homme fort ſurpris de cette nouvelle queſtion, luy qui penſoit avoir admirablement reſpondu chez Menaſte, s’eſbranla, & reſpondit fort mal à propos : de ſorte qu’Ameſtris, ſans luy donner loiſir de ſe r’aſſeurer, & de trouver un nouveau menſonge, le menaça ſi fort, s’il ne diſoit la verité ; & luy promit ſi bien de luy pardonner s’il l’advouoit qu’apres pluſieurs reſponses qui ſeroient trop longues a dire, il confeſſa enfin à Ameſtris, que Megabiſe l’avoit envoyé querir par un de ſes gens ; luy avoit donné de l’argent pour le gagner ; & que le jour qu’on l’avoit veu parler à luy, il l’avoit inſtruit comment il faudroit qu’il fiſt, lors qu’il voudroit entrer ſeul. Si bien que ce matin là, il n’avoit fait que luy envoyer dire ſimplement, qu’il fiſt ce qu’il luy avoit ordonné. Ameſtris apres cela, voyant juſqu’où Megabiſe ſe portoit, commença de craindre effectivement qu’il n’arrivaſt quelque nouveau malheur : & prit en effet la reſolution d’eſpouser Aglatidas. Cependant Tharpis & Artemon avoient leurs inquietudes auſſi bien que les autres : le premier meſme n’avoit pas ſeulement la conſolation de ſe pouvoir pleindre avec Anatiſe, de l’avanture qu’il avoit euë chez Ameſtris, car elle eſtoit allée à la campagne : Toutefois comme elle n’eſtoit qu’à cinquante ſtades d’Ecbatane, il la luy eſcrivit. Pour Artemon, comme il eſtoit plus ſage, quelque amoureux qu’il fuſt d’Ameſtris, voyant de quelle façon elle luy avoit parlé d’Aglatidas, & de quelle ſorte elle vivoit avecques luy, il n’oſoit plus l’entretenir de ſon amour. Neantmoins comme l’eſperance ne quitte les Amants qu’à l’extremité,