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entre vous d’eux : eſtant bien certaine que vous le ſouffrirez l’un & l’autre ſans en murmurer. En ſuite Cyrus s’informa ſoigneusement de la ſanté de ſa chere Princeſſe : & apres luy avoir demandé pardon de la liberté qu’il alloit prendre : il la conjura de luy vouloir dire, comment le Roy de Pont vivoit avec elle : n’oſant pas luy demander comment elle vivoit aveque luy. Seigneur, reprit Panthée, pour vous mettre l’eſprit en repos, je vous diray que le Roy de Pont eſt tellement eſclave des volontez de la Princeſſe Mandane, que c’eſt une choſe inconcevable, de voir qu’il ait la force de la retenir comme il fait : car excepté ſa liberté, il n’eſt rien qu’il ne ſoit capable de luy accorder. Ainſi je puis vous aſſurer qu’il ne luy donne aucun ſujet de pleinte, que celuy de ne la vouloir point abandonner, & de ne la vouloir point rendre. Pour moy j’ay fait toutes choſes poſſibles pour l’y obliger : mais il m’a touſjours reſpondu qu’il ne le peut : & que quand il n’auroit autre ſatisfaction en toute ſa vie, que celle d’empeſcher qu’un Rival ne la poſſede : il fuiroit touſjours par toute la Terre, juſques à ce qu’il euſt trouvé un Azile aſſuré pour ſa retraite, & un Protecteur aſſez puiſſant pour le deffendre. Ha Madame, s’écria Cyrus, les Dieux n’en sçauroient donner au Raviſſeur d’une Princeſſe ſi innocente & ſi accomplie : en effet, reprit Panthée, il paroiſt aſſez que nous ſommes deſja punis, de luy avoir donné protection. Cyrus luy fit alors beaucoup de civilité : & luy dit que s’il n’euſt pas deſpendu de Ciaxare ; & s’il ne ſe fuſt pas agy de Mandane, il luy auroit redonné la liberté. Mais qu’ayant apris qu’il ſe formoit une Ligue, dont le Roy ſon Mary eſtoit, il faloit voir auparavant ce que ce pouvoit eſtre : & que