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riant auſſi bien que moy, ſi une pareille choſe, dit-il, me fuſt arrivée autrefois, j’en aurois eſté bien en peine : & je n’aurois pas douté que Megabiſe n’euſt eſté avec Ameſtris. Mais enfin, Seigneur, apres avoir eſté plus d’une fois par tous les Quartiers d’Ecbatane, nous reſolusmes de repaſſer encore chez elle, & ſi elle n’y eſtoit pas, d’aller du moins nous pleindre de noſtre malheur chez Menaſte. Mais un moment apres que l’on nous eut dit tout de nouveau qu’Ameſtris n’eſtoit pas encore revenuë : nous eſtant arreſtez à dix ou douze pas de là, pour envoyer à une maiſon que nous avions oubliée : nous viſmes ſortir Ameſtris de chez elle dans ſon Chariot, & un inſtant apres Megabiſe à pied ſans pas un de ſes gens aveques luy : qui traverſant ſeulement la ruë, fut faire une viſite à une maiſon qui eſtoit devant celle d’Ameſtris. Je vous laiſſe à penſer ce que cette veüe fit dans le cœur d’Aglatidas : d’abord il me regarda, & puis retournant la teſte avec precipitation, pour voir quel chemin prenoit Megabiſe, & quelle route prenoit Ameſtris ; il ne les vit plus ny l’un ny l’autre ; parce que le Chariot avoit tourné à une ruë qui eſtoit fort proche de là, & que Megabiſe eſtoit entré, comme je l’ay dit, dans la maiſon d’un de ſes Amis. Et certes il fut advantageux qu’il ne le viſt plus : car dans les ſentimens où il eſtoit, je penſe que ſans s’éclaircir davantage de la choſe, il l’auroit querellé à l’heure meſme : mais ne le voyant plus, il fut contraint de differer ſon reſſentiment. Et bien, me dit-il en ſe tournant vers moy, que dites vous de ce que vous venez de voir ? Cela eſt ſans doute fort embarraſſant, luy dis-je, neantmoins apres ce qui vous eſt arrivé une autre fois, je ne vous conſeille pas de juger ſur