Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/323

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui eſt fine & malicieuſe, euſt bien voulu que ; Tharpis n’euſt eſté chez Ameſtris que lors qu’Aglatidas y eſtoit, & qu’il n’euſt pas empeſché Megabiſe & Artemon de luy parler : car elle ne ſe ſoucioit pas qui oſteroit le cœur d’Ameſtris à Aglatidas, pourveû qu’il le perdiſt. De ſorte qu’afin de luy nuire preſques touſjours, il falut qu’elle enduraſt qu’il luy ſervist quelqueſfois, n’oſant pas dire ſes veritables ſentimens à Tharpis. Mais, Seigneur, Aglatidas fut ſi reſpectueux envers Ameſtris, que quoy que les viſites de Megabiſe luy donnaſſent une douleur bien ſensible, il ſe reſolut de ne luy en parler jamais : neantmoins quoy qu’il puſt faire, ſes yeux trahirent le ſecret de ſon cœur, & luy deſcouvrirent une partie de l’inquiétude qu’il en avoit. Mais comme elle s’eſtoit reſoluë de vivre avecques luy avec une confiance entiere, elle luy en fit un jour la guerre chez Menaſte d’une maniere ſi obligeante ; qu’elle adoucit du moins le mal qu’il ſouffroit, ſi elle ne le guerit pas. Cependant Megabiſe aporta tant de ſoing à chercher les occaſions de luy parler en particulier, qu’il en inventa une, dont je penſe que perſonne ne s’eſt jamais adviſé que luy : qui fut de ſuborner le Portier d’Ameſtris, par une liberalité fort conſiderable. Quand il luy eut donc promis de faire ce qu’il voudroit, il choiſit un jour qu’il sçeut que Menaſte ne pouvoit eſtre chez Ameſtris : & advertiſſant ce Portier, il l’obligea à dire ce jour là à tous ceux qui demanderoient ſa Maiſtresse, qu’elle n’y eſtoit pas, excepté à luy. De ſorte que cét homme luy obeïſſant, & Megabiſe renvoyant ſes gens, dés qu’il fut entré chez Ameſtris, de peur que ceux qui y viendroient ne connuſſent qu’elle eſtoit chez