d’Aglatidas, mais de celle de tout le monde en general, & de la vôtre en particulier ; puis que vous m’avez dit vous meſme, que vous aviez eu beaucoup de part aux chagrins & aux inquietudes d’Otane. Il eſt vray, dit Artemon, mais toute la Ville a fait plus de bruit d’Aglatidas, que de tous les autres qui luy ont donne de la jalouſie ce n’eſt pas, luy dit-il, que je vouluſſe vous conſeiller de ne le voir plus abſolument : mais ſi ſeulement durant quelque temps vous le voyiez un peu moins, je penſe que vous éviteriez beaucoup de diſcours peu agreables, qu’Anatiſe fera peut-eſtre contre vous. Au contraire, luy dit Ameſtris, cela paroiſtroit une mauvaiſe fineſſe, qui feroit penſer beaucoup de choſes à mon préjudice : c’eſt pourquoy j’aime mieux ne cacher point mes ſentimens ; car comme graces aux Dieux je n’en ay point de criminels, il m’eſt avantageux que tout le monde les sçache. Du moins Madame, luy dit il, me ferez vous bien la grace de ne me vouloir pas de mal, de la liberté que j’ay priſe : je vous le promets, luy reſpondit-elle ; mais Artemon, pourſuivit Ameſtris en riant, vous me dites cela avec tant de chagrin, que j’ay peur que vous ne me veüilliez mal à moy meſme, de ce que je ne ſuy pas voſtre conſeil. Il eſt vray, Madame, que j’aurois eſté bien aiſe que vous l’euſſiez ſuivy, repliqua-t’il, & meſme par plus d’une raiſon : mais je voy bien que vous n’eſtes pas en eſtat de le ſuivre. Je l’advouë, luy dit-elle, car j’ay veſcu ſi long temps en contrainte que je veux jouïr de la liberté, autant que la bien-ſeance me le permettra. Mais Madame, luy dit Artemon, vous ſouvient il du temps que vous me diſiez que quand vous aviez veu le monde, vous l’aviez veu en contraignant voſtre
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