d’Otane, a touſjours eſté mal fondée : & que voſtre vertu eſt ſi grande, qu’elle ne peut eſtre bleflée par la calomnie. Mais ayant touſjours remarqué, que vous aimez la gloire avec une paſſion violente : & que non ſeulement vous voulez eſtre vertueuſe, mais que vous la voulez paroiſtre aux yeux meſme de vos ennemis : j’ay creu que je devois vous ſupplier de faire quelque reflexion ſur toutes les choſes qu’Otane a dites dans le monde, de l’intelligence d’Aglatidas & de vous. Ce n’eſt pas, encore une fois, Madame, que je ne sçache bien que ſon injuſtice eſtoit aſſez connuë : touteſfois apres tout, il me ſemble qu’Aglatidas ayant effectivement fait donner ce Gouvernement qui a fourny de pretexte à la derniere fureur d’Otane contre vous : vous oſteriez peut-eſtre un aſſez grand ſujet de mefdire à celles qui portent envie à voſtre beauté & à voſtre merite, ſi vous voyiez un peu moins Aglatidas. Ce n’eſt pas Madame, adjouſta-t’il, que nous ayons jamais rien eu à démeſler enſemble : & vous sçaucz bien vous meſme, que vous m’avez oüy dire beaucoup de bien de luy en diverſes occaſions : c’eſt pourquoy je vous ſuplie tres-humblement de croire, que je ne parle comme je fais, que par la ſeule paſſion que j’ay pour voſtre ſervice. Je vous en ſuis bien obligée (luy reſpondit Ameſtris, qui comprit parfaitement par quel motif il parloit de cette ſorte) & je vous aſſure Artemon, que je prens ce que vous me dites comme je le dois prendre. Je vous diray neantmoins avec la meſme liberté, que je vous ay toûjours parlé de mes malheurs, que je ne crois pas eſtre obligée de reſſusciter la jalouſie d’Otane apres ſa mort. Car ſi cela n’eſtoit pas comme je le penſe, il ne faudroit pas ſeulement me priver de la veuë & de la converſation
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