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luy, les choſes s’eſtoient un peu calmées à Ecbatane, quelques jours devant que nous y arrivaſſions : de plus, comme il y eſtoit allé avec un pouvoir abſolu : on ne sçeut pas pluſtost qu’il devoit arriver, que l’on vint au devant de luy, & que l’on ſe reſolut d’obeïr : De ſorte qu’il entra dans Ecbatane comme en Triomphe. Cependant Artemon, Tharpis, & Anatiſe, eſtoient bien fâchez de ſon retour : mais pour Ameſtris elle en fut ſi eſmuë, qu’elle ne pût bien determiner quels eſtoient les mouvemens de ſon cœur. Dés qu’Aglatidas fut arrivé, ne pouvant pas ſe dégager de ceux qui l’environnoient, & qui l’entretenoient des affaires publiques ; il me pria d’aller chez Menaſte, la ſuplier de prendre les ordres d’Ameſtris, & de sçavoir d’elle comment elle vouloit qu’il veſcust : lors que l’embarras où, il eſtoit, luy permettroit d’avoir quelques momens dont il puſt diſposer. Mais Menaſte qui connoiſſoit l’humeur modeſte de ſon Amie, me dit qu’Aglatidas devoit luy faire ſa premiere viſite ſimplement comme à une perſonne de ſa condition, ſans s’en empreſſer : que ſi toutefois il vouloit l’advertir du jour qu’il iroit chez Ameſtris, elle feroit en ſorte, pourveu qu’il y allaſt de bonne heure, que la choſe ſeroit conduitte avec tant d’adreſſe, qu’il y auroit peu de monde quand il y arriveroit. Ce temps parut ſi long à Aglatidas, qu’il ne pût jamais s’empeſcher d’eſcrire ce jour là deux Billets à Menaſte, malgré toutes ſes affaires, & de l’aller voit le ſoir : car comme elle eſtoit ſa Parente, il vivoit avec plus de liberté avec elle qu’avec une autre. Jamais il ne penſa la quitter, tant il prenoit de plaiſir à l’entretenir de ſa chere Ameſtris : mais enfin apres avoir donné deux jours tours entiers au ſervice du