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cette Lettre, que je venois vous aporter, lors que j’ay rencontré Feraulas, qui ſortoit de la Ville auſſi bien que moy. En diſant cela Ortalque en preſenta une de la Princeſſe Mandane à Cyrus, qui la prit avec autant de joye que le Roy d’Aſſirie en eut de douleur. Il euſt bien voulu ne la lire pas devant luy : mais ne pouvant differer à voir ce que ſa Princeſſe luy mandoit ; & trouvant meſme un moment apres quelque douceur à l’ouvrir devant ſon Rival ; il la décacheta, & y leut ces paroles.


LA PRINCESSE MANDANE, A Cyrus.

Comme je ne sçay pas ſi le Roy mon Pere eſt encore à ſon Armée, & que je ne doute point que vous n’y ſoyez, c’eſt à Vous que je m’adreſſe : pour vous prier de faire en ſorte que la Reine de la Suſiane ſoit bien traittée. C’eſt par elle que j’ay sçeu qu’il eſt maintenant permis à l’Illuſtre Artamene d’eſtre Cyrus : & elle a pris tant de ſoin d’adoucir ma captivité, que je ſuis obligée de taſcher de rendre la ſienne la moins rigoureuſe qu’il me ſera, poſſible.