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de ce que vous dites ? Seigneur, luy repliqua-t’elle, vous pouvez me laiſſer icy, & faire que je n’aille jamais à Ecbatane, où peut-eſtre Aglatidas pourroit revenir quelque jour. La ſolitude reprit-il en branlant la teſte, eſt fort propre pour des entreveuës ſecretes : remenez moy donc à la Ville, reſpondit-elle ſans s’émouvoir, afin que toute la Terre ſoit teſmoin de mes actions : & afin que toute la terre sçache, repliqua-t’il tout en fureur, voſtre crime & mon infortune. Mais apres tout, dit-il, qui vous a donné cette derniere Lettre ? une perſonne que je ne connois pas, (répondit-elle, ne voulant pas luy nommer Menaſte) Et où eſt Aglatidas preſentement ? luy demanda Otane ; je n’en sçay rien, repliqua-t’elle, & je n’ay pas aſſez d’intelligence avecques luy pour eſtre informée de ſes deſſeins. Et pourquoy, luy dit il, m’avez-vous épouſé, puis que vous aimiez Aglatidas ? je penſois, reſpondit Ameſtris, veû la façon dont vous aviez agy, vous avoir aſſez obligé en vous preferant à beaucoup d’autres, pour vous obliger auſſi à ne me traiter pas comme vous faites. Et je penſois, dit-il, que quand vous ne m’euſſiez pas aimé, vous auriez aſſez aimé la gloire, pour ne rien faire indigne de vous. Mais enfin, dit Artemon, pourquoy n’eſtes-vous pas content de ce qu’Ameſtris vous promet ? Elle vous dit qu’elle ne verra jamais Aglatidas ; qu’elle ne recevra point de ſes Lettres, ny ne luy fera point recevoir des ſiennes, que voulez vous davantage ? Je voudrois qu’elle n’euſt pas receu cette derniere, reprit-il, & qu’elle n’euſt pas gardé toutes les autres : car enfin c’eſt une marque aſſeurée, adjouſta-t’il, qu’elle ne hait pas Aglatidas ; qu’elle ne m’aime gueres, & que par conſequent je dois tout craindre. Seigneur,