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luy non ſeulement toute la complaiſance qu’une Femme vertueuſe eſt obligée d’avoir pour ſon Mary ; mais encore toute l’obeïſſance d’une eſclave : comme elle ne pouvoit pas avoir toute la tendreſſe qu’elle euſt euë ſi elle l’euſt eſtimé & aimé, puis qu’au contraire elle avoit une averſion extrême pour luy : il n’eſtoit pas ſatisfait d’elle : & le reſpect qu’elle luy rendoit, l’irritoit pluſtost que de l’appaiſer. Ce voyage ſe fit donc avec beaucoup de melancolie : toutefois comme ils furent arrivez au lieu où ils vouloient aller, Ameſtris eut un peu plus de repos ; parce qu’Otane alloit ordinairement paſſer ſes chagrins à ſe promener dans un grand Bois qui eſt derriere ſa maiſon ; de ſorte que durant cela, Ameſtris avoit la liberté de parler avec ſa chere Menaſte, & de s’entretenir quelqueſfois d’Aglatidas.

Elle en faiſoit pourtant bien ſouvent quelque ſcrupule : & faiſoit preſques deſſein de n’en parler de ſa vie. Mais apres tout, venant à penſer combien cette affection eſtoit innocente, & combien elle la ſeroit toûjours, puis qu’elle avoit reſolu de ne le voir jamais : elle ſe reſolvoit en fin, de garder dans ſon ſouvenir toutes les marques qu’elle avoit reçeuës, de la paſſion d’une perſonne qu’elle ne pouvoit oublier : ſe determinant neantmoins, malgré la tendreſſe qu’elle avoit encore pour Aglatidas, à brûler toutes les Lettres qu’elle avoit de luy. Eſtant donc un jour Menaſte & elle à parler enſemble ſur ce ſujet, & Ameſtris voulant revoir pour la derniere fois toutes ces Lettres auparavant que de les jetter au feu, elle ouvrit ſa Caſſette pour les prendre : mais elle n’y trouva point un petit Coffre d’Orſevrerie dans lequel elles eſtoient : & elle fut ſi ſurprise de cét accident, qu’elle ne pouvoir le dire à Menaſte. Cependant elle chercha dans cette Caſſette, &