en mon humeur, n’eſt pas proprement un changement ; puis que ç’a touſjours eſté mon inclination, que j’ay contrainte tant qu’Artambare & Hermaniſte ont veſcu : parce qu’ils n’avoient pas meſme indulgence pour moy qu’Otane qui me laiſſant Maiſtresse de ma volonté, m’a miſe en eſtat de ne me contraindre plus. Il faut advoüer, reprit Artemon en ſous-riant, que vous vous déguiſiez admirablement, ſi vous forciez voſtre inclination, lors que le monde vous voyoit : quoy qu’il en ſoit (dit-il encore, croyant qu’il obligeoit fort Ameſtris, pour qui il avoit beaucoup d’eſtime) puis que vous vous eſtes bien contrainte autrefois pour obeïr à un Pere qui vouloir que vous fuſſiez viſible ; vous le ferez encore ſans doute pour ſauver l’honneur d’un Mary, que l’on accuſe d’une fort grande injuſtice. Je ne penſe pas, dit Ameſtris fort embarraſſée, qu’Otane ſe laiſſe perſuader une choſe ſi mal fondée que celle là : car puis que je n’ay veu perſonne depuis que je ſuis mariée, de qui pourroit-il eſtre jaloux ? auſſi c’eſt par cette raiſon que j’eſpere que malgré tout ce que vous luy direz, il me laſſera dans la liberté de préferer le repos de mon Cabinet, au tumulte de la Cour, dont je ſuis laſſe. Du moins (dit Artemon, qui croyoit touſjours qu’Ameſtris ne parloit ainſi que pour plaire à Otane, dites moy donc ce que vous voulez que je die que vous faites, à ceux qui me le demanderont : Vous leur direz, repliqua-t’elle, que je lis quelqueſfois ; que je fais des Ouvrages d’or & d’argent, que je crayonne ; que je reſve : & que pour aimer encore plus la ſolitude, & me ſouviens de toutes les folies que j’ay ſouvent entendu dire à des gens qui ſe croyoient fort ſages, & qui ne l’eſtoient pas trop Cependant qu’Ameſtris
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