comme le commencement du Printemps aprochoit, il sçeut une nouvelle qui le réjoüit fort ; qui fut que Creſus ayant apris par la renommée, qu’Artamas qu’il ne connoiſſoit que ſous le nom de Cleandre eſtoit dans l’Armée de Cyrus ; qu’il eſtoit effectivement Fils du Roy de Phrigie, & qu’il avoit eſté reconnu de luy, avoit deſſein de rapeller dans peu de temps la Princeſſe ſa Fille à Sardis, comme l’y croyant plus ſeurement, & d’y faire auſſi conduire la Princeſſe Mandane. Cette nouvelle donna beaucoup de joye à Cyrus, tant parce que Mandane ne ſeroit plus en un lieu maritime, que parce qu’il eſpera la pouvoir delivrer, pendant le chemin qu’elle auroit à faire. Comme le Prince Artamas connoiſſoit admirablement ce païs là, il luy dit que ſelon les aparences, il sçavoit une voye infaillible de dreſſer une embuſcade dans un Bois par où il faloit de neceſſité paſſer, pour aller d’Epheſe à Sardis, que leurs Ennemis ne pourroient éviter, & qui leur donneroit lieu de delivrer leurs princeſſes. De ſorte que ne s’agiſſant plus que d’eſtre bien adverty du temps qu’elles partiroient d’Epheſe, & du nombre des Troupes qu’on leur donneroit pour leur Eſcorte : Feraulas y fut renvoyé avec des Lettres de Menecée aux Amis qu’il y avoit. Timocreon envoya auſſi à Sardis, & Tegée y envoya comme luy, afin qu’eſtant advertis de divers endroits, ils ne peuſſent eſtre trompez. Cette nouvelle eſperance remit dans les yeux de Cyrus je ne sçay quelle legere impreſſion de joye. qui fit qu’il n’avoit jamais paru plus aimable qu’il je paroiſſoit alors. Sa converſation eſtant moins melancolique, charmoit une partie des ennuis de la Reine de la Suſiane, & de ceux de la Princeſſe Araminte, qui n’eſtoient pas mediocres : car pour
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