Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’y entrer, pour sçavoir des nouvelles de Marteſie & de ſa Parente, qui fut admirablement bien aſſistée, par un Medecin & par un Chirurgien qui eſtoient dans ce Chaſteau, & qui n’en ſortoient point depuis longtemps, à ce que quelques gens du lieu où je fus loger me dirent. Comme Marteſie eſt infiniment aimable, elle fut bien toſt aimée de la femme de ce Capitaine : de ſorte que parlant un jour enſemble, elle luy dit qu’ils eſtoient heureux à trouver occaſion d’aſſister les Dames malades : & comme Marteſie sçavoit que ſa chere Maiſtresse avoit paſſé ſur ce meſme Fleuve, elle luy demanda ſi elle en avoit eu quelque autre occaſion que celle que ſa Parente luy en avoit donnée ? Elle luy reſpondit qu’il y avoit deſja plus de trois mois que la plus belle Perſonne du monde eſtoit malade chez eux : mais que ſe trouvant beaucoup mieux preſentement, elle en partiroit bien toſt. Marteſie devenuë encore plus curieuſe par ce diſcours, s’informa de ſa condition & de ſon Nom, & la pria de la luy faire voir : mais cette Dame luy dit qu’elle ne sçavoit ny ſon Nom ny ſa condition : & que ſi ſon Mary deſcouvroit qu’elle luy euſt dit qu’elle eſtoit dans ce Chaſteau, il luy en voudroit ſans doute mal. Elle luy aprit de plus, que la difficulté qu’il avoit faite de les laiſſer entrer, eſtoit parce que cette Dame eſtoit chez luy : que cependant elle eſtoit en un Apartement du Chaſteau, aſſez eſloigné de celuy où on les avoit miſes : & où perſonne n’entroit, que les gens qui la ſervoient, & une Fille qu’elle avoit amenée avec elle, qui ne la quittoit jamais. Qu’il y avoit auſſi un homme fort bien fait, & qui avoit penſé mourir de douleur, pendant la violence du mal de cette belle Perſonne. Apres cela, Marteſie la