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plus raiſonnable d’en uſer ainſi : parce que ſi Creſus vouloit proteger le raviſſeur de Mandane, il y auroit un ſujet de guerre plus apparent aux yeux des Peuples. Cyrus euſt bien voulu du moins que Feraulas euſt eſté revenu, auparavant que d’envoyer vers Creſus : mais craignant qu’il ne tardaſt trop longtemps, il reſolut qu’Hidaſpe partiroit dans deux ou trois jours pour y aller. Que cependant toute l’Armée ne laiſſeroit pas touſjours d’avancer, & de traverſer une partie de la Phrigie ; pour entrer apres en Lydie par cét endroit, ſi la réponſe de Creſus n’eſtoit pas favorable. Durant ce temps là, il sçeut qu’Abradate eſtoit allé ſe jetter dans Sardis, & le fit sçavoir à la Reine ſa Femme, qui témoigna en eſtre fâchée : il ne laiſſa pourtant pas de l’aller viſiter, & de luy dire fort obligeamment, qu’il eſtoit marry que le Roy de la Suſiane n’euſt pas pluſtost voulu la delivrer en devenant ſon Amy, qu’en eſſayant peut eſtre inutilement de le faire, en ſe declarant ſon ennemy : que neantmoins il l’aſſuroit qu’elle ſeroit touſjours traittée avec un égal reſpect. Cette grande Reine le remercia avec une civilité digue de la generoſité qu’il avoit pour elle : & ſe louant extrémement d’Araſpe, elle donna ſujet à Cyrus de luy témoigner au ſortir de ſa chambre qu’il eſtoit ſatisfait de luy, puis que Panthée en eſtoit ſatisfaite. De là il paſſa chez la Princeſſe Araminte, qui le conjura de faire en ſorte qu’elle peuſt parler au Roy ſon Frere : ſi bien qu’il fut reſolu qu’elle avanceroit vers les Frontieres de Lydie : & que la Reine de la Suſiane qui ſe portoit mieux, ſeroit auſſi de ce voyage : ces deux Princeſſes ayant lié une fort grande amitié enſemble : joint