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Timocreon, comme j’ay apris pat Thimettes que vous sçavez toutes choſes juſques à ſon départ d’Epheſe, je ne vous rediray point ce que l’on vous a deſja dit ; mais je vous aſſureray que jamais entrepriſe n’a eſté mieux conduite que celle-là. Car dés qu’Ageſistrate eut adverty Menecée du jour que la Princeſſe Palmis devoit ſortir, qui devoit eſtre ſuivie de la Princeſſe Mandane ; de deux Filles qui la ſervent ; & d’une qui eſt à la Princeſſe de Lydie : Menecée fit tenir la Barque preſte dont il s’eſtoit aſſuré : les cinquante hommes que nous avions dans la Ville, ſe tenant en embuſcade ſur toutes les advenuës par où l’on euſt pû venir à la porte du Temple, par laquelle les princeſſes devoient ſortir. Outre cela, plus de trente Amis de Menecée, ſe joignirent encore avec Cleandre, qui ſe mit à la teſte de douze ou quinze ſeulement : car on s’eſtoit ainſi partagé par petites Troupes, afin que cela ne fiſt rien ſoupçonner à ceux qui paſſoient. Il ſe plaça meſme le plus prés qu’il pût de la porte du Temple, y ayant un Chariot à ſix pas de là, pour conduire les princeſſes juſques à la Mer, qui en eſt aſſez proche, & où la Barque les attendoit. Comme il n’y avoit que des Sentinelles en ce lieu là ; parce que c’eſt une porte par où l’on ne ſort que rarement, cela ne pouvoit faire aucun obſtacle à cette entrepriſe : & ſans meſme les tuër, il eſtoit aiſé de s’aſſurer d’eux, ſans que le Corps de garde le plus proche s’en aperçeuſt. Enfin, Seigneur, toutes choſes eſtant diſposées pour executer noſtre deſſein ; la Barque, comme je l’ay deſja dit, eſtant preſte ; le Chariot eſtant venu ; & tous nos gens eſtant placez, ſur toutes les avenuës du Temple : Cleandre ne faiſoit plus qu’attendre que la porte s’ouvriſt. Et la choſe