Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

tant d’aſſiduité auprès de cette belle & ſage Reine, que Cyrus qui l’aimoit ſe pleignit obligeamment de ce qu’il ne le voyoit preſque plus. Enfin apres avoir paſſé trois jours de cette façon, comme je l’ay deſja dit, Timocreon arriva : & fut trouver Soſicle ſon Fils, pour apprendre de luy comment le Roy de Phrigie avoit receu les choſes que Thimettes, Acrate, & luy, avoient racontées à ce Prince. Ayant donc apris la verité de ce qu’il vouloit sçavoir, il fut à la Tente du Roy de Phrigie, dans la quelle Cyrus entra un moment apres que Thimettes qui avoit joint Timocreon le luy eut preſenté, de ſorte que ce Prince qui n’avoit point de ſecret pour luy, principalement en une occaſion où il avoit autant d’intereſt qu’il y en pouvoit avoir, ne le vit pas pluſtost, que luy adreſſant la parole. Seigneur, luy dit-il, voila ce meſme Timocreon qui m’a conſervé mon Fils : & qui vient vous aporter des nouvelles de la choſe que vous avez tant d’envie de sçavoir : Mais je ne sçay point encore ſi elles ſont bonnes ou mauvaiſes, parce qu’il ne fait que d’arriver. Elles ſont du moins mauvaiſes pour moy infailliblement, reprit Cyrus, & je ne ſuis pas aſſez heureux, pour aprendre aujourd’huy la liberté de la Princeſſe Mandane. Il eſt vray, Seigneur, qu’elle n’eſt pas libre, repartit Timocreon, mais il n’a pas tenu à l’illuſtre Cleandre qu’elle ne le ſoit ; puis qu’il a fait des choſes tres difficiles pour cela : & ſans un malheur que l’on ne pouvoit prévoir, la Princeſſe Mandane & la Princeſſe Palmis ſeroient ſans doute en liberté. Racontez-nous du moins, reprit l’affligé Cyrus, de quels moyens la Fortune s’eſt ſervie pour m’empeſcher d’eſtre heureux. Seigneur, répondit