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au deſespoir d’eſtre obligé de vous dire, que quelque diligence que j’aye pû faire, je ſuis arrivé quatre heures trop tard, avec les ordres du Prince de Cilicie, au Port où le Roy de Pont & la Princeſſe Mandane ſe ſont embarquez. Quoy Feraulas, reprit Cyrus, Mandane n’eſt plus en Cilicie ! Non Seigneur, luy répondit-il, & elle s’embarqua dés hier à midy. Ce qui a cauſé ce malheur, adjouſta-t’il, c’eſt que le Prince de Cilicie eſtoit allé à la chaſſe quand j’arrivay à Tarſe : ainſi il falut que je l’y allaſſe trouver, ce qui emporta beaucoup de temps, car il eſtoit aſſez loing. Comme je l’eus rencontré, & que je luy eus dit preciſément l’endroit ou nous avions veu le Chariot de la Princeſſe, il jugea qu’infailliblement le Roy de Pont alloit s’embarquer à un Port où il m’envoya à l’heure meſme, avec ſon Capitaine des Gardes : & avec ordre aux Magiſtrats de la Ville de retenir tous les Eſtrangers qui voudroient ſe mettre en Mer : envoyant auſſi pluſieurs autres perſonnes en divers autres lieux, avec le meſme commandement. Enfin, Seigneur, que vous diray-je ? j’arrivay quatre heures plus tard qu’il ne faloit : mais par bonheur j’ay trouvé Ortalque, qui a eu ordre de la Princeſſe Mandane de vous venir trouver. De la Princeſſe Mandane ! reprit Cyrus, & comment eſt il poſſible qu’il en sçache quelque choſe ? Seigneur, repliqua Ortalque, vous ſerez ſans doute bien ſurpris, quand je vous diray qu’ayant eu l’honneur par vos commandemens d’eſcorter les Dames avec qui Marteſie partit de Sinope, je les conduiſis heureuſement juſques au bord de la Riviere d’Halis, ſur laquelle elles ſe mirent, afin de ſe délaſſer : envoyant leur Chariot en un lieu où elles le devoient rejoindre. Ainſi me faiſant mettre