Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que de cette ſorte, ſi la Princeſſe Palmis vouloit, elle pouvoit demander cette grace : & faire ſortir en meſme temps qu’elle la Princeſſe Mandane. Qu’elle donneroit ordre que la choſe ſe fiſt un jour que le Roy de Pont ne le sçauroit point, & par une porte où l’on ne faiſoit pas une garde fort exacte, parce que l’on ne l’ouvroit jamais : & qu’alors, ſi elles y conſentoient, elles pourroient ſe confier à Cleandre. Apres cela, ayant obtenu la permiſſion de parler à Cyleniſe, & Cyleniſe ayant ménagé l’eſprit de la Princeſſe Palmis, & celuy de la Princeſſe Mandane, qui ont fait une grande amitié enſemble en peu de jours ; il a eſté reſolu que la Princeſſe Palmis feindra de vouloir obeïr au Roy ſon Pere : & qu’un jour, ſuivant la couſtume, elle demandera à ſortir, & ſortira en effet, accompagnée de la Princeſſe Mandane, avec leurs femmes : & qu’à trois pas du Temple, il y aura un Chariot pour mettre ces princeſſes. Que Cleandre, Menecée, Timocreon, Tegée, & leurs gens, les eſcorteront juſques au bord de la Mer qui eſt fort proche : où une Barque les attendra pour les mener en Phrigie, & de là ils viendront par terre icy. De ſorte que quand je ſuis party, la Barque eſtoit deſja retenuë : & toutes choſes eſtoient ſi bien diſposées pour executer cette entrepriſe ; que ſelon les aparences, elle ne peut avoir manqué. Ce qui la facilite encore, eſt que le Roy de Pont s’eſt un peu bleſſé à une jambe, un cheval s’eſtant abatu ſous luy, en allant de la vieille Ville à la Ville neuſve, où eſt le Temple de Diane : & qu’ainſi quand la choſe feroit quelque bruit, il n’y pourroit pas aller : car enfin il garde le lit avec aſſez de douleur, & ſans qu’il puiſſe marcher. La Princeſſe Palmis a pourtant