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il l’obligea par promeſſes & par menaces, à dire ce qu’elle sçavoit. Elle dit donc ingenûment, que la Princeſſe sçavoit la choſe : mais croyant qu’elle la juſtifioit fort, elle proteſtoit qu’aſſurément ce n’eſtoit que par la compaſſion qu’elle avoit de ces priſonniers qu’elle avoit envoyé Cyleniſe leur parler. Le Roy voulut luy faire dire ce qu’elle avoit entendu, pendant cette converſation de nuit, mais elle ne pût luy obeïr : car elle luy avoüa qu’elle avoit eu tant de frayeur, de ſe voir ſeule avec Cyleniſe au lieu ou elles eſtoient, & à l’heure qu’il eſtoit : qu’elle n’avoit oüy leur converſation que fort confuſément : advoüant touteſfois que le Nom de la Princeſſe y avoit eſté fort meſlé. Il n’en falut pas davantage, pour exciter un grand trouble dans l’ame du Roy, qui ne douta plus du tout qu’il n’y euſt une intelligence ſecrette, entre Cleandre & la Princeſſe ſa Fille. Il revit encore une fois Cyleniſe : mais il la vit avec tant de colere dans les yeux, & tant de marques de fureur dans ſes paroles ; qu’elle eut beſoin de toute ſa conſtance, pour n’en eſtre pas ébranlée.

Cependant on les remena à la Citadelle, & le Roy envoya chez la Princeſſe (car il eſtoit deſja jour) pour luy ordonner de le venir trouver, ce qu’elle fit à l’heure meſme. Il ne la vit pas pluſtost, qu’il commanda qu’on le laiſſast ſeul avec elle : & on ne luy eut pas pluſtost obeï, que la regardant avec beaucoup de fierté, le n’euſſe jamais creû, luy dit-il ; que vous euſſiez eu le cœur ſi bas, que de vouloir lier une affection particuliere, avec un homme inconnu. Avec un homme, dis-je, qui eſt aſſurément d’une naiſſance fort mauvaiſe ; puis qu’il a la laſcheté de faire une impoſture pour ſauver ſa vie, en ſe diſant Fils de Roy. Un homme enfin, qui apres