vay vous dire : Car enfin, Seigneur, je ſuis Parente de Soſicle. Il eſt vray, interrompit le Roy, mais c’eſtoit à Cleandre que vous parliez : je l’advoüe encore, repliqua t’elle, car puis que c’eſt par luy que Soſicle peut eſtre juſtifié, il a bien falu parler à celuy qui peut faire connoiſtre ſon innocence. Quoy qu’il en ſoit, Cyleniſe, dit-il, croyez vous que ma Fille trouve bon que vous ſortiez de chez elle au milieu de la nuit ? & croyez vous que je me laiſſe perſuader que vous ne parliez à Cleandre, que pour les intereſts de Soſicle ? Parlez Cyleniſe, parlez : & découvrez moy ingenument qui vous fait agir. Comme les choſes en eſtoient là, Pactias s’aprocha de l’oreille du Roy, & luy dit tout bas, à ce que l’on a sçeu depuis, que le Soldat qui l’avoit adverti qu’il y avoit des gens ſur le Pont de la Citadelle, l’avoit aſſuré avoir entendu le Nom de la Princeſſe, en la bouche de Cleandre, & en celle de Cyleniſe : mais qu’il n’oſoit pas luy reſpondre que cela fuſt vray : & qu’il ne le luy diſoit qu’afin qu’il interrogeaſt mieux cette Fille. Le Roy parut fort troublé de ce que Pactias luy avoit dit : car ſe ſouvenant tout d’un coup, de la douleur que la Princeſſe avoit témoigné avoir de la priſon de Cleandre, & des ſoings qu’elle avoit pris à le vouloir juſtifier : il creût qu’il y avoit ſans doute quelque choſe de caché, que Cyleniſe ne diſoit pas. De ſorte que changeant ſa façon d’agir avec elle, il luy parla avec plus de rudeſſe qu’il n’avoit fait ; neantmoins quoy qu’il peuſt dire, & quoy qu’il peuſt faire, il ne pût jamais l’obliger à dire rien contre la Princeſſe. Mais la Fille qui eſtoit avec elle, n’eſtant ny ſi adroite, ny ſi hardie, ny meſme ſi affectionnée qu’elle : & le Roy s’eſtant adviſé de les faire ſeparer ;
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