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l’on avoit envoyé des chevaux de relais pour cinq ou ſix perſonnes en un lieu qui n’eſtoit pas ſur la route du Camp. Enfin il en sçeut tant, qu’il en sçeut aſſez, pour faire perſuader au Roy par va de ſes Amis, que Cleandre le vouloit trahir ; que mon Pere & moy faiſions la meſme choſe ; & que cette conjuration avoit eſté tramée par Thimettes, qui faiſoit ſemblant, diſoit cét Amy d’Arteſilas, d’eſtre mal avec le Roy de Phrigie, afin de n’eſtre point ſuspect dans cette Cour, & de n’y eſtre venu que pour y traiter de la rançon de fou neveu. Que de plus, Acrate Phrigien en eſtoit auſſi : & qu’il paroiſſoit aſſez, qu’il y avoit quelque grand deſſein caché : puis que Thimettes qui eſtoit venu à Sardis, à ce qu’il diſoit, pour delivrer ſon Parent, s’en alloit auparavant que d’avoir fait la choſe : & que Timocreon ne tenoit pas ſes meubles en ſeureté chez luy pendant ſon abſence. Neantmoins Arteſilas ne fit rien dire contre la Princeſſe, & il ne fit advertir le Roy que de ce qui s’eſtoit paſſé chez mon Pere. Mais enfin, Madame, la choſe fut conduitte avecques tant de fineſſe, que baſtissant ſur ces fondemens veritables, une conjuration tres apparente : le lendemain au matin, Cleandre eſtant preſt d’aller prendre congé du Roy, & ayant deſja dit adieu au Prince Myrſile ; à Mexaris ; à Abradate ; & meſme à Arteſilas, comme il embraſſoit Eſope, qui eſtoit allé recevoir ſes commandemens ; & que Timocreon, Acrate, & moy eſtions dans ſa Chambre : ce meſme Capitaine des Gardes qui avoit autrefois adverty la Princeſſe du deſſein que Creſus avoit, vint ſuivy de ſes compagnons, non ſeulement arreſter Cleandre de la part de Creſus ; mais encore Thimettes, Timocreon, Acrate, & moy. je