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en chemin des gens qui venoient advertir le Roy, que la nuit auparavant on avoit ſurpris le Chaſteau ; enlevé la Reine voſtre Mere & vous ; & tout ce qu’il y avoit de precieux en ce lieu là, qui n’eſtoit pas une choſe peu conſiderable : car toutes les Pierreries de la Courony eſtoient ? Artamas les ayant envoyées à ſa chere Elſimene, dés qu’il avoit eſté Roy. Je vous laiſſe à penſer, Seigneur, quelle ſurprise fut la mienne : comme je n’eſtois pas fort loing de ce Chaſteau, je fus encore juſques là, & je sçeus par la Mere d’Elſimene, qui mourut de douleur peu de jours apres, que des gens armez que l’on ne connoiſſoit pas, l’avoient ſurpris : & avoient mis cette Princeſſe & vous, avec tout ce riche butin qu’ils avoient fait, dans un vaiſſeau : ſans que l’on ſceust quelle route ces raviſſeurs avoient tenu, parce qu’il eſtoit nuit : ayant emporté ſi abſolument tout ce qu’il y avoit dans ce Chaſteu, qu’il n’y demeuroit preſques plus rien. Ce qu’il y eut de plus cruel en cette avanture, fut que ſi ces raviſſeurs euſſent encore attendu un jour ; ils n’euſſent pû executer leur deteſtable entrepriſe : parce que comme je l’ay deſja dit, l’on devoit envoyer le lendemain des Gardes à la Reine : joint que de plus une bonne partie de la Cour ſe devoit auſſi rendre aupres d’elle. Cependant il falut aller porter en diligence cette triſte nouvelle au Roy : qui la reçeut avec un deſespoir ſi grand, que je creus qu’il en perdroit la vie ou la raiſon. Il fit faire une recherche la plus exacte du monde, pour taſcher de deſcouvrir qui pouvoit avoir executé la choſe : mais ce fut inutilement. Il envoya divers vaiſſeaux à l’advanture, chercher ce qu’ils ne trouverent point. Il ſoupçonna fort