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luy, depuis qu’Arteſilas ſe portoit mieux, & qu’on les avoit accommodez. Il n’y pût toutefois pas aller ſi toſt, à cauſe d’un homme qu’il rencontra, qui luy aprit de grandes choſes, comme nous le sçeuſmes en ſuitte. Mais enfin apres avoir entretenu cét homme aſſez long temps : il fut chez Cleandre ; qui s’imagina que Thimettes le venoit voir comme le Favory du Prince : & comme on luy eut dit qu’il demandoit à l’entretenir en particulier, il creut encore que ce n’eſtoit que pour luy parler de ſes intereſts avec le Roy de Phrigie, sçachant qu’il devoit partir dans un jour pour s’en aller à l’Armée. Touteſfois luy ayant accordé ce qu’il ſouhaittoit de luy, il ne fut pas pluſtost ſeul, que Thimettes prenant la parole ; Seigneur, luy dit-il, j’ay une nouvelle ſi ſurprenante à vous dire, que je ne sçay ſi je ſeray creu d’abord, quand je vous aſſureray, que l’illuſtre Cleandre, tout inconnu qu’il eſt à tout le monde, & qu’il ſe l’eſt à luy meſme ; eſt pourtant Fils d’un grand Roy. Thimettes (luy dit Cleandre fort ſurpris, & n’oſant croire ce qu’on luy diſoit) ſi j’en croy mon cœur, je dois adjouſter foy à vos paroles : mais ſi j’en croy aux apparences : je doy douter de ce que vous dites. Il eſt pourtant auſſi certain, repliqua Thimettes, que vous eſtes Fils du Roy de Phrigie, qu’il eſt certain que je ſuis ſon Subjet. Quoy, s’écria Cleandre, je ſuis Fils du Roy de Phrigie que j’ay combatu, & que j’ay ordre d’aller encore combattre ! Ouy Seigneur, répondit-il, vous l’eſtes : & vous l’eſtes ſi certainement, que vous n’en douterez pas vous meſme, dés que vous vous ſerez donné la peine de m’écouter. Parlez donc Thimettes, repliqua Cleandre avec précipitation, car vous me dites tant de choſes agreables & faſcheuses tout