Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous cherche, luy dit-il, mais il n’y a pas moyen de vous rencontrer, ſi ce n’eſt chez le Roy on chez la Princeſſe, où vous eſtes eternellement. Si j’avois sçeu vos intentions (repliqua Cleandre avec la meſme froideur, quoy qu’avec aſſez de civilité) j’aurois eſté chez vous pour aprendre ce que vous aviez à me dire. peut-eſtre que ſi vous l’aviez préveu, répondit Arteſilas, bien loin de venir chez moy, vous ne ſeriez pas venu, chez la Princeſſe de Claſomene. Comme je ne ſuis guere accouſtumé de fuir mes Amis ny mes Ennemis, répondit Cleandre, je ne sçay pas pourquoy vous me parlez de cette ſorte : je sçay encore moins, repliqua Arteſilas, pourquoy vous agiſtez comme vous faites depuis quelque temps. Comme j’ay touſjours ſuivy la raiſon, répondit Cleandre, je n’ay pas agy de maniere differente, depuis que je la connois. Quand vous arrivaſtes à Sardis, reprit Arteſilas, il n’euſt : pourtant pas eſté aiſé de prévoir, que vos frequentes viſites chez la Princeſſe, m’importuneroient un jour : & qu’un homme de voſtre naiſſance, auroit la hardieſſe de s’oppoſer à un homme de la mienne. Ma naiſſance, repliqua Cleandre fort irrité, m’eſt à la verité inconnuë : mais j’aime toutefois mieux eſtre receu chez la Princeſſe par ma propre vertu, que de n’y eſtre ſouffert que par ma condition ſeulement. Vous ferez pourtant bien de vous ſouvenir touſjours de la voſtre, repliqua Arteſilas : car ſi vous ne le faites, je chercheray les voyes de vous empeſcher de l’oublier. C’eſt pourquoy agiſſez de façon, que je ne vous trouve plus chez la Princeſſe ; que comme vous y eſtiez autrefois, du temps que le Prince Atys vous y envoyoit. Autrement….. Ha Seigneur, s’écria Cleandre en l’interrompant ; ne