Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

que les Habitans creuſſent ſe mettre en ſeureté, en attachant par une ceremonie ſuperstitieuse, un Cordeau qui alloit de la vieille Ville au Temple de Diane, comme ſe remettant tout de nouveau ſous ſa protection, ils ne laiſſerent pas d’eſtre contraints de ſe rendre, malgré toute la reſistance qu’un courageux Eſtranger qui ſe trouva dans la Ville, y apporta. Mais certes, à dire les choſes comme elles font, la priſe d’Epheſe fut ſi particulierement deuë à Cleandre, que Creſus n’eut guere de part à l’honneur de cette conqueſte : car eſtant tombé malade, ce fut Cleandre ſeul qui agit pendant ce Siege ; qui fut un des plus memorables dont on ait entendu parler. Arteſilas n’eut pas meſme le bonheur d’y eſtre ; parce qu’ayant eſté bleſſé à la premiere rencontre qu’ils avoient faite des Ennemis, Cleandre joüit tout ſeul de la gloire de cette conqueſte : dont Creſus luy meſme envoya advertir la Princeſſe ſa Fille, d’une façon tres advantageuſe pour luy Mais comme la fin de la Campagne aprochoit, & qu’il eſperoit de retourner bien toſt à Sardis, pour chercher le plus doux fruit de ſa Victoire dans les regards favorables de ſa Princeſſe : les Miſiens, les Doriens, & les Pamphiliens ſe joignirent, & l’on parla d’une Ligue contre Creſus, qui ſe reſolut de les prevenir. Il envoya alors ſolliciter le Roy de Phrigie de luy donner du ſecours : mais comme il eſtoit engagé en ce temps là avecques le Roy de Pont, il le refuſa : de ſorte qu’il falut qu’il agiſt ſeulement avec ſes propres forces. Mais, Madame, la valeur de Cleandre eſtoit devenuë ſi redoutable à tous ces Peuples ; qu’il termina cette guerre auſſi heureuſement que l’autre ; la faiſant meſme malgré l’Hyver. Cependant