quelque choſe, elle ne l’aprouvoit pas, & meſme ne le pouvoit pas aprouver. Il ne sçavoit donc s’il devoit prendre la hardieſſe de luy deſcouvrir un peu pins preciſément ſes ſentimens : & il eſtoit eſtrangement irreſolu, lors qu’Eſope qui l’aimoit avec une paſſion extréme, fut le voir pour luy monſtrer en particulier devant qu’il partiſt, toute l’hiſtoire de la Cour, qu’il avoit faite en Fables, auſſi bien qu’il a compote une Morale de cette eſpece : car encore que cette hiſtoire ſoit un Chef-d’œuvre, elle a eſté veuë de peu de perſonnes : parce que comme elle contient tous les intrigues. & toute la galanterie de la Cour, il n’avoit pas jugé à propos d’en rendre la lecture publique. Eſope eſtant donc allé faire voir à Cleandre cét agreable travail, comme eſtimant plus ſon approbation que celle de toute la Cour : apres avoir leû pluſieurs de ces ingenieuſes Fables, qui faiſoient de ſi agreables Tableaux des avantures de tout le monde : Cleandre trouva celle qu’Eſope avoit faite pour luy, dans les Tablettes de Cyleniſe : & comme il ne l’entendit, pas & qu’il luy en demanda l’explication ; Seigneur, luy dit Eſope, je ne penſois pas qu’elle ſuit ſi mauvaiſe : car des Perſonnes qui n’ont pas tant d’eſprit que vous, & qui n’ont pas tant de connoiſſance de la choſe qu’elle repreſente, ont entendu parfaitement ce qu’elle vouloit dire. Cleandre devenu plus curieux par le diſcours d’Etape, le preſſa de telle ſorte de la luy vouloir expliquer, qu’enfin il l’obligea à luy dire la verité : mais il ne l’eut pas plûtoſt sçeuë, que ne pouvant d’abord déguiſer ſes ſentimens ; ha Eſope qu’avez vous fait ! s’eſcria Cleandre : j’ay fait Seigneur, luy repliqua t’il, ce que vous n’auriez peut-eſtre jamais oſé faire. Je l’advouë (
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