luy dit il, voyez s’il y a quelque apparence que vous soyez innocent de la fuite du Roy d’Assirie : & expliquez moy silabe pour silabe cét enigme obscur que je ne puis deviner. Artamene fut d’abord estranggement surpris : parce qu’il luy sembla que ces Tablettes estoint celles qu’il pensoit que le Roy d’Assirie eust reçeuës ; & qu’il avoit données à celuy qui luy avoit apporté les siennes. Neantmoins pour s’éclaircir pleinement de la chose, il les ouvrit ; & y relût les mesmes paroles qu’il y avoit escrites. Mais en les relisant, il changea de couleur plusieurs fois ; & fit durer cette lecture le plus long temps qu’il luy fut possible ; cherchant à prendre sa resolution, sur une chose si difficile à resoudre. Car il voyoit bien que s’il n’expliquoit pas son Billet, son honneur souffriroit sans doute une tache : puis qu’il paroistroit perfide à son Maistre, ayant eu une intelligence secrette avec son Ennemy : & d’autre costé, il voyoit qu’en descouvrant son amour, il exposoit en quelque façon la reputation de sa Princesse, qui luy estoit encore plus precieuse que la sienne. Cependant Ciaxare, qui ne penetroit pas dans le fonds de son cœur, s’ennuyant de son silence ; que cherchez vous Artamene, luy dit il, dans ce Billet ? ce n’est pas là que vous pouvez trouver vostre excuse : & les marques de vostre crime ne sçauroient servir à faire paroistre vostre innocence. Parlez donc, vous dis-je ; & expliquez moy ce que vous avez escrit, depuis le premier mot jusques au dernier. En disant cela, il reprit les Tablettes des mains d’Artamene, qui regardant le Roy avec beaucoup de respect ; Seigneur, luy dit il, si je pouvois vous montrer le billet que j’ay reçeu du Roy d’Assirie, vostre Majesté verroit bien, que je ne suis pas si criminel
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