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proteger contre le Roy d’Assirie. Apres un semblable raisonnement, il se mit à relire ce que la Princesse de Medie avoit escrit : & apres l’avoir releû diverses fois, il se mit à regarder, s’il n’y avoit plus rien dans ces Tablettes. Mais helas ! il y trouva ce qu’il ne croyoit pas y rencontrer. C’estoit un Billet de Mazare au Roy d’Assirie, qui estoit conçeu en ces termes.


MAZARE PRINCE DES SACES,
AU ROY D’ASSIRIE.


Bien loing de vous cacher mon crime, je veux vous le descouvrir aussi grand qu’il est. Je ne vous fais pas seulement une infidelité ; je trompe encore la Personne du monde pour laquelle j’ay le plus de veneration ; qui est sans doute la Princesse Mandane. Elle croit que je songe à la soulager dans ses malheurs ; lors que je ne pense qu’à diminuer les miens. Enfin je suis coupable envers elle comme envers vous ; & je le suis encore envers moy mesme ; puis que selon toutes les apparences, je fais un crime inutilement. Mais qu’y ferois-je ? l’Amour m’y force & m’y contraint ; & je ne me suis pas rendu sans combatre. Si vous estes veritablement genereux, vous me plaindrez ; si non, vous chercherez les voyes de vous vanger, sans que je m’en plaigne. Je vous declare toutefois, que je seray assez