faire : un jour donc que j’estois le plus tourmenté de mes inquietudes, & que je me promenois dans la Forest, je vy arriver un Chariot plein de Dames. Je ne l’eus pas plustost aperçeu, que je voulus m’enfoncer dans le Bois : Mais une de ces Dames m’ayant reconnu, Aglatidas, me cria-t’elle, ne me fuyez pas : & souffrez que je vous parle un moment. Cette voix fut bien tost reconnuë de moy, pour estre celle de Menaste : si bien que m’imaginant, que peut-estre Amestris estoit avec elle, je ne sçavois si je devois m’arrester, ou continuer de fuir. Mais enfin m’entendant appeller diverses fois, je retournay sur mes pas : & arrivay aupres de Menaste, comme elle descendoit du Chariot, car elle estoit fort prés du Temple où elle alloit. Ayant deux de ses Amies avec elle, & une Fille qui la servoit, elle retint celle-cy : & pria les deux autres de l’aller attendre au Temple, pendant qu’elle me parleroit d’une affaire, dont elle avoit à m’entretenir. Comme nous estions parents, cette liberté ne choquoit pas la bien-seance : & ces Dames la luy ayant accordée, Menaste me donna la main, & commença de prendre une route du Bois, dans laquelle nous avançasmes vingt ou trente pas sans parler ny l’un ny l’autre. Puis tout d’un coup, Menaste s’estant arrestée, & me regardant fixement ; je ne sçay Aglatidas, me dit-elle, si ce que j’ay à vous dire, vous donnera de la douleur ou de la joye : & si vous aimez assez Anatise, pour ne prendre aucune part au mariage d’Amestris. Amestris (m’escriai-je tout transporté de douleur & de jalousie) est mariée ! ouy, reprit froidement Menaste ; Mais Aglatidas, poursuivit-elle, quelle part pouvez vous prendre eu cette nouvelle, qu’elle vous
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