luy dis-je, d’expliquer toutes vos actions, & toutes vos paroles à mon advantage : de faire parler vos yeux favorablement pour moy : & mesme vostre silence, puis que vous ne voulez pas parler. Je vous permets, me dit-elle alors en rougissant, de penser tout ce qui pourra conserver la vie d’Aglatidas, & me le ramener fidelle. C’est assez Madame, luy dis-je, c’est assez : & puis que vous desirez que je sois constrant, il n’en faut pas davantage, pour me rendre le plus heureux de tous les hommes. Mais Madame, sçavez vous bien à quoy un si glorieux commandement vous engage ? & oseray-je me persuader qu’en m’ordonnant d’estre fidelle, vous m’avez assuré de l’estre ? Croyez Aglatidas, me dit-elle alors, qu’Amestris n’engage pas son cœur legerement : & que puis que j’ay creû vous pouvoir donner place dans le mien, rien ne vous en ostera que la mort. Je vous laisse à penser Seigneur, quel effet firent ces favorables paroles dans mon esprit : je pris alors la main d’Amestris, & malgré elle la luy baisant avec autant de respect que d’amour ; je la remerciay avec des termes si passionnez, que j’ose croire que j’en attendris son cœur. Cependant comme je laissois Megabise, Otane, & cent autres aupres d’elle, que je sçavois qui en estoient amoureux : Madame, luy dis-je, j’ay une grace à vous demander, que je n’ose presque vous dire, & que je ne puis toutesfois vous taire. Elle me pressa alors de m’expliquer : m’assurant que tout ce qui ne seroit point injuste, ne me seroit pas refusé. Ce que je voudrois, luy dis-je, Madame, si je le pouvois sans perdre le respect que je vous dois ; seroit de vous prier d’estre la moins liberale que vous pourrez de vos regards, & à Megabise & à Otane, & à cent autres qui vous
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