car cent choses aussi bien que l’âge, peuvent destruire la beauté) ne contribueroit plus rien à vostre satisfaction. Ha mon Frere, s’escria Megabise, Amestris sera belle eternellement ! ainsi faites seulement que je l’espouse, & ne vous mettez pas en peine de mon bon heur. Que je sois exilé, ou qu’elle soit insensible, il ne m’importe : si nous sommes bannis ensemble, je joüiray de mon bon heur avec plus de liberté : & si elle est incapable de rien aimer, je seray delivré de tout sujet de jalousie. De sorte que quoy qu’il en soit, si vous m’aimez, servez moy dans ma passion ; & ne vous y opposez plus. Vous me demandez, respondit Arbate, ce que je ne feray pas : car enfin nous ne devons pas donner du poison à nos Amis phrenetiques lors qu’ils nous en demandent : principalement quand nous avons beaucoup d’interest à ce qui les touche. Insensible Frere, s’escria de nouveau Megabise ; je voudrois presque que vous fussiez mon Rival, pour vous punir de cette humeur severe, qui vous fait condamner ma passion : & pour vous apprendre par vostre propre experience, ce, que l’amour n’est pas une chose volontaire. Vous vous repentiriez bien tost de vostre souhait, reprit Arbate, si vous croiyez qu’il peust estre possible : mais du moins, poursuivit-il, advoüez moy que vous estiez plus heureux quand vous estiez libre, que vous ne l’estes presentement : & promettez moy en suitte, que vous essayerez durant quelques jours, de rompre vos chaines. Je ne pense pas le pouvoir faire, reprit Megabise ; mais pour ne vous refuser pas toutes choses, je vieux bien vous promettre celle-là : quoy qu’à vous dire la verité, ce soit ne vous promettre rien. Arbate voyant qu’il ne pouvoit gagner davantage sur l’esprit de Megabise,
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