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ARTAMÈNE
OV
L E   G R A N D
C Y R U S.
LIVRE PREMIER.


L’embrazement de la ville de Sinope estoit si grand, que tout le Ciel ; toute la Mer ; toute la Plaine ; & le haut de toutes les Montagnes les plus reculées, en receuoient vne impression de lumiere, qui malgré l’obscurité de la nuit, permettoit de distinguer toutes choses. Iamais obiet ne fut si terrible que celuy-là : l’on voyoit tout à la fois vingt Galeres qui brusloient dans le Port ; & qui au milieu de l’eau dont elles estoient si proches, ne laissoient pas de pousser des flames ondoyantes jusques aux nuës. Ces flames estant agitées par vn vent assez impetueux, se