amour ; & tous selon les choses qui les avoient le plus touchez, vouloient l’instruire de la merveilleuse vie d’Artamene. Chrisante voyant cét empressement, entre des personnes si illustres ; encore que cette confusion fust glorieuse à son cher Maistre, puis que c’estoit un effet de la passion qu’ils avoient pour luy, & une marque de la grandeur des choses qu’il avoit faites ; les supplia voyant qu’il se faisoit tard, de vouloir remettre la partie à une autre fois : se soumettant d’aller aprendre le commencement de cette histoire au Roy de Phrigie en son particulier. Afin qu’ils peussent apres tout ensemble, en escouter la merveilleuse suitte de la bouche de Feraulas, qui en estoit encore mieux instruit que luy, comme ayant esté fort employé, à sa cause de sa jeunesse, dans les amours de son Maistre. Tous ces Princes estant tombez d’accord, que Chrisante avoit raison ; ne peurent toutefois se separer si tost : & ils furent encore un temps assez considerable, à loüer le malheureux Artamene : & à exagerer également, ses vertus, ses infortunes, & sa gloire.