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de douleur : & les marques de ma jalousie, eussent descouvert mon amour à ma Princesse.

Enfin, Seigneur, Artamene parla à Feraulas, comme s’il n’eust rien eu à faire le lendemain au matin : mais voyant qu’il ne songeoit pas à se coucher, il l’en fit souvenir : & mon Maistre l’ayant creû, se mit au lit, d’où il sortit à la pointe du jour. J’avois oublié de vous dire, que Philidaspe & ouy estoient convenus, qu’ils se batroient à cheval sans autres armes qu’un bouclier & qu’une Espée, de peur que cela ne fist descouvrir leur dessein : & qu’ils auroient chacun un Escuyer avec eux, qui seroient spectateurs de leur combat. Feraulas donc sortit avec Artamene, aussi tost qu’il fut habillé : & par une porte de derriere, il se déroba facilement, à la veuë de tout le monde, & se rendit au lieu de l’assignation, demie heure plustost que Philidaspe. Ce fut là Seigneur, où Artamene commença de craindre beaucoup l’indignation de la Princesse : qui venant à sçavoir leur querelle, si tost apres la priere qu’elle leur avoit faite de s’aimer ; auroit lieu d’en estre offensée. Neantmoins cette forte aversion qu’il avoit pour Philidaspe, estoit encore plus puissante que sa crainte : & il concluoit, que dans les soubçons qu’il avoit qu’il ne fust amoureux de Mandane, il valoit mieux s’exposer à desplaire une fois à sa Princesse, que de manquer à se vanger d’un Rival. Il attendoit donc Philidaspe, avec une estrangge impatience : lors que paroissant tout d’un coup, & s’apercevant que mon Maistre l’avoit attendu ; je vous demande pardon Artamene, luy dit-il, de n’estre pas venu plustost : mais je tascheray de reparer ma paresse, par la diligence que j’apporteray à vous vaincre, si je le puis l’espere, luy repliqua