les armes ; voulut luy faire une reprimande, qui le corrigeast sans l’irriter : luy semblant qu’il devoit ce respect pour un Officier, qui avoit porté les armes si long temps devant luy. Il luy manda donc dans un Billet, qu’il le conjuroit de ne forcer pas un jeune Soldat, d’avoir l’audace de reprendre & de chastier un vieux Capitaine. Je vous dis cecy, Seigneur, afin que vous connoissiez par ce discours, le jugement & la moderation de mon Maistre : & que vous ne vous estonniez pas de voir, que tout Estranger qu’il estoit, il ne laissoit pas d’estre craint, aimé, & obeï, comme s’il fust nay en Capadoce, & de la plus illustre Race qui y fust. Cependant le Roy de Pont ayant eu un puissant secours de Phrigie, en avoit fortifié son Armée de telle sorte, qu’il estoit en estat, s’il eust voulu, de s’opposer en mesme temps, à Artamene & à Philidaspe : Mais il jugea plus à propos de tascher de combattre mon Maistre sans separer ses Troupes : parce qu’en effet il en avoit alors plus que luy : se reservant à secourir la Ville que Philidaspe assiegeoit, & qui estoit bien munie de toutes choses ; lors qu’il auroit gagné la Bataille, comme il esperoit la gagner. Mais comme il estoit amoureux de la valeur d’Artamene ; & que luy devant la vie, il vouloit s’en aquiter ; le Roy de Phrigie & luy, chercherent quelque voye extraordinaire, de ne luy estre pas tousjours redevables : & de n’estre pas aussi absolument vaincus par sa vertu que par sa valeur. Ils prirent donc une resolution fort estrangge & fort nouvelle : bien est-il vray que le Roy de Pont qui est effectivement genereux, avoit un peu d’interest à ce qu’il fit. Car enfin quoy qu’il sçeust bien qu’Artamen, ne l’eust pas soupçonné d’une fausse generosité,
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