Artamene, en remettant son espée au fourreau : ) Mais qu’il tasche de vivre en homme d’honneur : & de ne faire plus d’actions si lasches. Les Juges alors, n’eurent plus de contestation : & tous tomberent d’accord, que mon Maistre avoit esté, & estoit Victorieux : declarant que Cerasie appartenoit au roy de Capadoce : & ordonnant que le Trophée d’Artamene demeureroit : & seroit dressé à loisir avec plus d’art, ce qui fut executé. Le Roy de Pont reçeut cette nouvelle en Prince qui avoit du cœur & de la sagesse : & il tesmoigna plus de ressentiment de la mauvaise action d’Artane, que de la perte de Cerasie. Pour Ciaxare, il reçeut Artamene avec des caresses extraordinaires : ce qui ne fut sans doute guere agreable, ny à Ariblée, ny à Philidaspe, qui estoient presens à cette action. Pour Artance, comme il estoit de grande condition, malgré la colere du Roy de Pont, quelques uns de ses parens ne laisserent pas de l’oster de là, & d’en avoir soing : Mais le Roy de Pont leur dit, que s’il guerissoit de ses blessures, il ne le vouloit plus voir. Lors que les Juges eurent les uns & les autres adverty leurs Maistres, de ce qu’ils avoient resolu, les deux Rois ennemis, & le Roy de Phrigie, se virent & s’embrasserent pour la seconde fois. Celuy de Pont dit à Ciaxare, qu’il s’en retourneroit dans son Armée : & que le lendemain il décamperoit de devant Cerasie & s’en reculeroit d’une journée, afin de l’en laisser prendre possession. Il dit en suitte au Roy de Capadoce, qu’il l’estimoit bien plus heureux, d’avoir aquis l’amitié d’Artamene, que d’avoir recouvré une Ville : & que pour luy, il donneroit tousjours volontiers la moitié de ses Estats, pour aquerir un simple
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