Artamene ; & une Princesse comme vous, en à plus de cent, qui la doivent faire obeïr de toute la Terre. Artamene demeura donc encore ce jour là tout entier à Ancire : il fut au Temple avec la Princesse, qu’il eut l’honneur d’y accompagner, où tout le Peuple le combla de benedictions : Car en un moment par le moyen d’Arbace, & des Domestiques de la Princesse, il fut connu pour estre le Liberateur du Roy. Le lendemain au matin estant venu plustost qu’il n’eust souhaitté, il falut partir, & prendre congé de la Princesse : ce qu’il fit sans doute avec autant de douleur que d’amour, quoy qu’il n’osast tesmoigner ny l’une ny l’autre que par son silence, & par un profond respect. Elle luy donna une Lettre pour le Roy, qui se trouva estre telle que je m’en vay vous la dire. Car Ciaxare la montra à tant de monde, afin d’obliger mon Maistre, qu’il y eut peu de gens de quelque consideration dans l’Armée, qui par leurs propres yeux, ou par le raport d’autruy, ne sçeussent ce qu’elle contenoit.
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