icy respectez ; ce Prince les visita, avec un plaisir extréme : & parcourut tous les rivages, des fameux Fleuves de Scamandre, & de Simoïs. Enfin cette Terre qui a autrefois esté arrosée de tant d’illustre sang, luy sembloit une Terre consacrée aux Dieux ; tant il avoit de veneration pour elle. Cependant cét excellent Grec, que nous avions avec nous, luy ayant dit que Periandre, que nous avions veû dans Ephese, n’estoit pas seul Sage en Grece ; & qu’enfin cette Nation commençoit de n’estre pas moins remplie d’excellens Hommes, qu’elle l’estoit du temps d’Agamemnon, d’Ulysse, & de Nestor ; commença aussi de mettre en son cœur, une forte envie d’y aller. Si bien que ne voyant pas que la guerre de Lydie, ny celle de Phrigie, s’avançassent fort ; je luy persuaday de passer en Grece, ce que nous fismes : & pour commencer par ce qu’elle avoit de plus grand, nous fusmes droit à Athenes, dont il admira la beauté, aussi bien que celle du fameux Port de Pirée : comme l’ordre merveilleux, que les Loix d’un homme reputé souverainement sage y entretenoit. Nous sçeûmes que cét excellent Homme apellé Solon s’estoit banny volontairement de son Païs pour dix ans, afin de ne changer plus rien à ses Loix : ayant obligé ses Citoyens par ferment, de les observer jusques à son retour. Artamene connut Pisistrate en ce lieu là, qui à ce que l’on disoit, aspiroit à la tyrannie. Mais durant que nous estions dans Athenes, il courut bruit que Solon s’estoit arresté à l’Isle de Chypre : si bien que j’advouë que je contribuay beaucoup, au dessein qu’Artamene prit, d’aller en ce lieu là : tant pour voir la plus belle Isle de la Mer Egée, & le celebre Temple de Venus ; que pour connoistre le plus fameux sage
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