Cependant elle se resolut de cacher sa grossesse aussi long temps qu’elle le pourroit : elle ne sortit donc plus de sa Chambre : & mesme pour l’ordinaire, elle gardoit tousjours le lict. A quelque temps de là, se pleignant tousjours davantage, elle fit semblant de croire, que l’air d’Ecbatane ne luy estoit point bon : suppliant le Roy son Pere, de souffrir qu’elle s’en retournast en Perse, ou du moins qu’il luy permist de s’en aller à une tres belle Maison, qui estoit environ à deux cens stades de cette Ville : esperant qu’il luy seroit plus aisé en ce lieu là, de cacher ce qu’elle vouloit tenir secret. Mais le malheur voulut qu’un des Medecins qui la visitoient, s’aperçeut de la verité de la chose, malgré les soins qu’elle avoit eus de la déguiser : car elle s’estoit pleinte de plusieurs incommoditez qu’elle n’avoit pas, afin de les tromper, & de leur oster la connoissance de son veritable mal. Ce Medecin, croyant donner une agreable nouvelle à Astiage, luy apprit qu’elle estoit grosse : si bien que la Reine venant à demander son congé, ne fut pas en estat de l’obtenir. Au contraire, le Roy luy dit que si elle estoit en Perse, il faudroit qu’elle revinst en Medie, pour y recouvrer la santé : puis que c’estoit son Païs natal, & que l’air y estoit beaucoup plus sain qu’à Persepolis : & qu’enfin il ne faloit pas seulement songer à partir. Que pour aller à la Campagne, il y consentiroit volontiers, s’il estoit persuadé que cela luy peust servir : Mais qu’Ecbatane ayant d’aussi beaux jardins qu’elle en avoit ; il croyoit que le chagrin qui paroissoit meslé dans ses maux, se vaincroit plustost à la Cour, que non pas dans la solitude, qui seroit plus propre à l’entretenir qu’à le chasser.
A quelques jours delà on luy osta toutes