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qui n’y sont pas absolument necessaires, en ayant tant d’autres importantes à vous dire ; Vous sçaurez seulement que le Roy des Medes resolut ce mariage en luy mesme, & le fit proposer adroitement à Cambise, qui y consentant avec joye, envoya des Ambassadeurs à Ecbatane, pour y demander la Princesse. Astiage qui s’estoit procuré cette demande, n’eut garde de les refuser : de sorte qu’il envoya aussi tost sa Fille en Perse ; qui luy obeït avec sa vertu ordinaire : & qui s’estima peu de temps apres la plus heureuse Princesse du monde, par la connoissance qu’elle eut des excellentes qualitez que possedoit le Roy son Mary : & par les tesmoignages qu’elle reçeut, de l’amour qu’il avoit pour elle. Enfin selon les apparences, Astiage sembloit estre en seureté ; Ciaxare son fils estoit en estat d’attendre en repos sa Couronne ; & la Princesse sa fille, estoit en un païs de paix, d’où selon les regles de la Prudence humaine, il ne faloit pas craindre la guerre.

Cependant le calme ne fut pas long dans l’ame d’Astiage : & à peine Mandane fut elle mariée, que se repentant de ce qu’il avoit fait ; il ne fut rien qu’il ne fist, pour tascher de la faire revenir en son pouvoir. Ce qui entretenoit ses frayeurs, & ce qui les redoubloit souvent ; c’estoit que tous les Sacrifices qu’il offroit aux Dieux, sembloient n’estre pas bien reçeus : & que tous les Mages qui depuis les songes qu’il avoit faits, ne s’occupoient continuellement, qu’à la contemplation des Astres, & qu’à l’observation des choses Celestes ; disoient tousjours tout d’une voix, que le grand changement dont la Medie estoit menacée, arriveroit bien tost : que de jour en jour ils voyoient plus clair dans ces malignes constrellations, une revolution