ceux qui vous escoutent, à estre surpris : & il faut advoüer, adjousta Artabase, que nous avions bien perdu la raison, de ne subçonner rien de la verité, vous voyant vous & Feraulas, si attachez à Artamene. Quoy qu’il en soit (dit le Roy d’Hircanie, parlant à Hidaspe, à Adusius, & à Artabase) je n’ay point de peine à me persuader qu’Artamene est Cyrus : & j’en avois bien davantage à m’imaginer, qu’un homme si extraordinaire fust d’une naissance commune. Pour moy, adjousta Thrasibule, je ne le creus pas mesme le premier jour que je le connus : & je luy vis faire des choses, qui ne me permirent pas de douter de sa condition. Persode Prince des Cadusiens, s’adressant à Hidaspe, à Artabase, à Adusius, à Chrisante, & à Feraulas ; je vous estime si heureux, leur dit il, de vous devoir touver Subjets d’un tel Prince ; qu’il s’en faut peu que je ne die, que cette glorieuse servitude, est preferable à la Souveraine Domination : & qu’il vaudroit mieux luy obeïr, que de commander à cent millle autres. Hidaspe qui brusloit d’impatience, de sçavoir precisément les particularitez de toute une vie, dont il sçavoit les premieres advantures ; voulut obliger Chrisante à commencer son recit, par le départ de Cyrus, de la Cour du Roy son Pere : mais comme Thrasibule n’en avoit rien sçeu ; & que ces autres Princes n’avoient apris tout ce qui s’estoit autrefois passé à la Cour d’Astiage que par la Renommée, qui change tousjours un peu les choses en les publiant ; ils furent tous bien aises que Chrisante les repassast en general : afin de leur en rafraischir la memoire, & d’en instruire Thrasibule, qui les ignoroit absolument.
Chrisante donc apres avoir esté quelque temps sans parler, comme pour chercher