Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/654

Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup mieux que celles des Ennemis : car tout en marchant ceux qui eſtoient ſur les Tours ne laiſſoient pas de faire pleuvoir une greſle de Traits ſur les Troupes Lydiennes ; & les Machines qui par certains reſſorts eſtoient deſtinées à pouſſer des pierres avec impetuoſité ſur les Ennemis, le faiſoient auſſi avec tant de violence, qu’ils en eſtoient beaucoup incommodez : de ſorte qu’ils avoient une peine eſtrange à ſe mettre en ordre. Toutefois Creſus & le Roy de Pont, voyant qu’ils eſtoient forcez de combatre, ne laiſſerent pas de teſmoigner de la fermeté, & de marcher au combat avec aſſez de reſolution. Ils avoient pourtant un notable deſavantage ; car ils eſtoient contraints de ſe ranger en Bataille en marchant : ſi bien qu’il eſtoit difficile, qu’un ſi grand Corps dont toutes les parties eſtoient ſi mal affermies, peuſt eſtre en eſtat de ſoutenir le choc d’un autre plus ferme. Mais à la fin ils vinrent pourtant à bout de ranger leurs Troupes : le Prince Myrſille malgré ſon incommodité commanda les deux Lignes de l’Aiſle droite, aſſiſté de Pactias qui donnoit les ordres pour luy ; ce Prince n’ayant en cette occaſion que l’honneur du commandement, & ne pouvant pretendre qu’à la gloire de bien ſervir de ſa Perſonne, Le Prince de Myſie, & un homme de qualité de Lydie nommé Artibe, commandoient les deux Lignes de l’Aiſle gauche ; Arinaſpe vaillant Capitaine d’Ionie commandoit toute l’Infanterie : & le Roy de Pont toutes les autres Troupes qui ſoutenoient celles cy : Creſus s’eſtant poſté à la teſte d’un Corps de Cavalerie Lydienne, au milieu de ſa Bataille.

Ces deux grandes Armées pouvoient eſtre à trente pas prés l’une de l’autre, lors que Cyrus s’aperçent que de l’Aiſle gauche des